GROENLAND : Ski trip en bateau

Fin avril, Nuuk, capitale du Groenland. “La Louise”, une goélette polaire, nous attend au port pour un trip ski de rando de 9 jours au coeur des fjords. Décors grandioses, navigation dans la glace, conditions de neige exceptionnelles tous les ingrédients sont réunis pour vivre un rêve de gosse au cœur du continent blanc.

 

Port de Nuuk, vendredi après midi. Nous arrivons devant « La Louise », la goélette en bois époxy de Thierry Dubois. Il neige à gros flocons, une vraie tempête. Les groenlandais attendaient le redoux printanier mais c'est le retour de l'hiver qui s'annonce, nous sommes aux anges !

Venir skier au Groenland semble une évidence pour de nombreuses personnes. On imagine un pays froid avec de la neige toute l'année, LE lieu par excellence pour faire du ski. Mais les choses ne sont pas si simples. Il n'y a pas de stations de ski dignes de ce nom et très peu d’infrastructures. La dépose helico est possible pour un budget conséquent en un ou deux endroits seulement.

Le ski de randonnée est donc incontournable, mais il faut organiser une expédition en totale autonomie pour approcher les sommets. La solution la plus judicieuse est donc le bateau. Un compromis idéal entre confort et mobilité.

La navigation en pays froid à ses propresrègles et un minimum de rigueur s’impose, car il faut de l'organisation pour tenir à 10 dans les 19m du bateau. C'est d'ailleurs un vrai refuge flottant, avec sa grande table en bois et sa partie couchettes.

Avec seulement 56000 hab sur presque 2 millions de km2 (presque 4 fois la France), Nuuk en concentre plus de 17000. Le Groenland est quasi dépeuplé. Tout s'anticipe donc et doit s’optimiser au mieux une fois loin de la civilisation.

 

Les zones montagneuses se situent sur la bande de terre périphérique.

Pas besoin d'aller loin pour trouver de magnifiques faces à skier. Le fjord de Nuuk, gigantesque avec ses 160km de long et ses 3 grandes îles montagneuses est un lieu idéal. Vu de la mer, ce n'est qu'une succession de baies entourées de sommets dont les plus hauts dépassent les 1700 m d'altitude et qui tombent parfois de façon vertigineuse dans l'océan.

Cela semble peu élevé par rapport à ce qu'on connait en France, mais il suffit d'imaginer une vallée alpine remplie d'eau où seules les parties hautes des sommets dépassent et comprendre qu'ici on part du niveau de la mer, faire entre 1000 et 2000m de dénivelé par jour en ski de randonnée ce n'est déjà pas si mal !

 

Notre première étape sera la baie d'Itissoq au SW de l’île de Storo.

C'est avec un zodiac qu'Aliette, la seconde de la Louise, nous débarque.

On débute l'ascension sur le versant NE en direction d’un sommet à 1105m. La neige est poudreuse et le ciel d'un bleu profond. La vue sur les 3 bras du fjord de Nuuk, Nup Kangerdlua au nord, Qornup Suvdlua au centre et Umanap Suvdlua au sud est splendide. La neige froide et légère « fume » derrière les skis. Tout en bas on voit la Louise comme un point minuscule dans la baie perdue au cœur d'un paysage dénué de toute trace humaine, c'est tout simplement grandiose !

 

Chaque jour on regarde la carte pour chercher la prochaine étape. Thierry qui connait assez bien la zone maintenant nous fait plusieurs proposions suivant nos requêtes. Comme la nuit tombe très tard à cette époque de l'année, on a le temps de naviguer et de regarder aux jumelles le soir même la rando du lendemain.

 

En baie de Qorqut on fait l'ascension du mont Qajuta à 1250m. En fin de journée nous remontons vers le nord dans des eaux calmes et de là, le lendemain, nous grimpons sur le « Fer à Cheval » à 1150m. Le degré de pente élevé et l’orientation du haut ne nous permettent pas d’atteindre le sommet avant l'arrivée de l'ombre, dommage.

Le jour suivant sera un jour sans ski. De toute façon le ciel est partiellement couvert. Nous visitons Kapisilik un petit village de pécheurs surplombant une jolie baie protégée.

L’après-midi départ à pied pour le glacier de Kingiata Nunata Sermia. D'énormes plaques de glace bleutées sont empilées sur la plage où nous accostons.Ce n'est qu'après 1h30 de marche à travers une plaine marécageuse gelée que nous atteignons le glacier, carabine de calibre 6’5 à la main au cas où un ours blanc croise notre route... Ici la chasse à l’ours polaire est autorisée en dehors du parc national pour les habitants porteurs de licence. Les femelles et les jeunes sont protégés ainsi que les zones de tanières.

Pour nous le fusil est simplement un moyen de défense en cas d’attaque, car pour l'ours nous restons une curiosité à gouter !

 

Avec le retour du soleil, nous levons l’ancre tôt le matin pour gagner le nord de l’île de Storo et skier la face nord de Naujanguit à 950m directement au-dessus de la mer. La plus belle surprise de la journée c’est la glace ! Les 2 glaciers qui alimentent les fjords ont vêlé durant la nuit et pour la première fois de notre périple, La Louise est obligée de slalomer entre les glaçons aux multiples nuances bleutées que le soleil fait scintiller de tout côtés. Notre ascension se fera avec ce décor grandiose en toile de fond et Thierry, « pour le fun », échoue la goélette sur un iceberg pour nous faire descendre dessus par la proue.

 

Motivés et émerveillés par cette ambiance nous partons le lendemain faire le plus dur du voyage : l’ascension du point culminant de l’ile de Storo, le Qingap à 1616m. Pour profiter des lumières du soir sur cette magnifique montagne, nous attaquons la montée vers midi pour ne rentrer au bateau qu'à 22h30... Grosse randonnée sur des pentes NO avec un coucher de soleil splendide et une fin de descente dans les lumières crépusculaires d'une nuit polaire. Fatigués mais heureux !

 

L'étape suivante est plus « cool ». On part tranquillement du mouillage dans une belle anse au sud de l’île de Sadelo (la plus petite des 3 îles du fjord de Nuuk) pour faire l' ascension en face E du sommet Sadlen à 1210m.

Le début se fait sous un soleil qui chauffe agréablement dans une ambiance printanière, puis une brise s’installe. 20mn plus tard, un vent violent balaye les cimes. Après avoir pu profiter de la vue un court instant, nous voilà pris dans l’approche d’une dépression. La visibilité baisse rapidement et très vite nous passons en jour blanc. On devait basculer en zone glacière mais il faut nous rendre à l’évidence, le plus sûr est de redescendre par là ou nous sommes montés.

 

On reprend ensuite la navigation dans les glaçons baignés d'une lumière grisâtre, pour gagner le KobbeFjord. Mais en fin de nuit la Louise danse au bout de son ancre dans les rafales d'un vent catabatique qui dévale les montagnes à plus de 50 nœuds . Peu de temps après, il se met à pleuvoir et nous passerons la journée à écouter vibrer la goélette et siffler les bourrasques dans les mats. Belle journée au chaud dans le refuge flottant plein de vie !

Le soir, retour à Nuuk pour débarquer et préparer la 2epartie de notre séjour Groenlandais , malheureusement plus à bord de La Louise.

WOW ! Quel beau séjour !

 
































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             Stéphane Godin Photographe                      

 

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